// Article rédigé par Aline Baudry-Scherer // Kidiklik 29
Le 8 mars comme tous les ans, on célèbre la Journée Internationale des Droits des Femmes. Comme c’est un peu long, on peut dire Journée des Femmes… Mais surtout pas Journée de LA Femme, attention ! Parce que LA Femme, c’est comme une espèce animale avec les mêmes caractéristiques pour tout le monde… Alors que les femmes sont nombreuses, différentes : des hommes comme les autres, en somme !
Et il se trouve que dans de nombreux pays du monde, elles n’ont pas du tout les mêmes droits que les hommes : pas le droit de conduire, pas le droit de voter, pas le droit d’aller à l’école, pas même le droit de prendre un café… Par contre, les hommes ont parfois le droit de les battre ou de les humilier, les parents ont le droit de les marier de force lorsqu’elles sont encore petites filles, de les exciser… Cette journée est donc là pour aider les gens à prendre conscience de tous ces problèmes, à l’étranger mais aussi chez nous, où malgré une égalité théorique, la vie n’est pas toujours aussi rose que leurs robes pour les femmes et les filles… Et peut-être leur donner envie de s’engager un petit peu pour l’égalité entre les hommes et les femmes ?
Alors c’est ça le féminisme ?
Le féminisme, c’est simplement penser que les femmes ont la même valeur que les hommes. Alors c’est vrai qu’en France, presque tout le monde est féministe ! Sauf que beaucoup de personnes croient que « féminisme », ça veut dire vouloir que les femmes dominent les hommes, ou vouloir faire disparaître la féminité, ou encore être toujours agressive et détester les hommes… Alors forcément, on ne trouve pas ça très positif ! C’est sans doute parce qu’à une époque, les premières féministes militantes (celles qui essaient de mettre leur pensée en action) ont dû être très agressives pour obtenir des choses toutes simples comme le droit de vote ou le droit de disposer de son corps (de changer d’amoureux quand elles voulaient, par exemple). Ça n’était pas du tout évident !
Encore aujourd’hui, en France, les hommes ont un salaire plus élevé que les femmes (23%), les femmes font plus le ménage à la maison que les hommes (2/3 des tâches domestiques), et les femmes se font souvent embêter dans la rue par des garçons qui les sifflent ou qui les jugent devant tout le monde (harcèlement de rue, 100% des femmes). Il existe aussi des hommes qui frappent leur femme et les humilient (201 000 femmes chaque année, violences physiques ou sexuelles). Et dans les pubs, c’est très souvent des femmes presque toutes nues qui sont utilisées comme si c’étaient des choses pour vendre des voitures ou de la nourriture.
Mais alors, qu’est-ce qu’on peut faire pour que ça change ?
Quand on est parent, on peut faire beaucoup : nos enfants ont de grandes qualités, qu’ils soient garçons ou filles. Sans s’en rendre compte, de nombreuses études l’ont démontré, on a tendance à attendre de nos petites filles qu’elles soient douces et belles (combien de fois on leur dit « Comme tu es belle ! » par rapport à nos garçons ?) et des garçons qu’ils soient costauds et offensifs (« Comme tu es fort ! »). Et les enfants sont des éponges, tout ce qu’ils veulent c’est nous faire plaisir ! On valorise et on encourage un certain nombre de valeurs « féminines » ou « masculines » en fonction du sexe, et c’est sans doute dommage, car l’enfant se prive de tout un domaine de possibles qui aurait tout aussi bien pu l’épanouir ! Attention, il ne s’agit pas comme certains l’ont cru, de transformer les garçons en filles et inversement, ou de supprimer les différences ! Au contraire, ce sont ces différences qui font notre richesse, mais ces différences sont encore plus nombreuses qu’on le croit, alors ce serait triste de vouloir rester dans les cases qui nous sont attribuées… On peut être une fille, aimer la mécanique, et les Barbies, et les maths, et se maquiller, et le karaoké, et le hockey sur glace…
Et si le changement est bien en cours chez les filles (« Tu seras présidente de la république, ma fille »), c’est sans doute parce que les valeurs « masculines » restent plus valorisantes. Une fille « garçon manqué » n’est-elle pas perçue comme plus intéressante qu’un garçon « fille manquée » ? Pourtant, c’est là-dessus que nous devons travailler à tout prix : permettons aux garçons de pleurer, d’être doux et calmes, de jouer aux poupées… Pas seulement parce qu’à la maison, on sera beaucoup plus tranquilles, mais aussi parce qu’on voudrait bien qu’ils deviennent de bons papas, et des hommes respectueux.
On veut un monde rempli d’adultes chaleureux, joyeux, costauds, tendres, bricoleurs, sensibles, sportifs, doux, dynamiques, sexy, respectueux, artistes, intelligents, beaux et surtout très drôles !
Sources : Observatoire des Inégalités et Haut Conseil à l'égalité entre les Hommes et les Femmes